Rencontre avec Myriam Alizon, journaliste

Myriam Alizon est journaliste, spécialisée dans le milieu sportif. En avril 2023, dans le cadre de la Semaine de la presse et des médias et des parcours avenir et citoyen, elle est intervenue dans l’établissement pour échanger avec les élèves. Les questions ont porté sur son métier, sa façon de l’exercer, les études nécessaires et les possibilités d’évolution. Avec les élèves de la section foot, un atelier "Interview" était également prévu (lien en fin d’article) !

mardi 16 mai 2023

Il a d’abord fallu éclaircir les termes de "journaliste sportif". Le journaliste sportif est un journaliste qui s’est spécialisé dans le milieu du sport. Au delà de l’adjectif, la confusion, dans l’esprit des élèves, est sans doute liée à la présence de sportifs et anciens sportifs qui interviennent au côté des journalistes sur les plateaux télé.

Myriam Alizon, Parcours Avenir, 4/3e volontaires 2023
©AudreyPlessis

Myriam Alizon a travaillé pour le journal L’Equipe (le quotidien et le magazine) pendant une quinzaine d’années durant lesquelles elle a effectué beaucoup de reportages sur le ski, Roland Garros, les Jeux Olympiques... En tant que journaliste, elle réalisait des interviews, des reportages et rédigeait des articles. En 2022, elle a créé "A fond !", un magazine destiné aux 7-11 ans et pour lequel elle est à la fois rédactrice en chef et journaliste. C’est un bimestriel d’environ 60 pages, le premier numéro est sorti en septembre dernier. Tous les sports y sont représentés afin de les faire découvrir aux enfants.

Beaucoup de questions ont porté sur les études à effectuer pour devenir journaliste. Il est possible de s’orienter dans cette voie juste après le bac (BUT information-communication, licence pro...) ou de faire d’abord une licence dans son domaine de prédilection avant d’intégrer une formation qui conduit à un bac +5. Les écoles de journalisme recrutent sur concours à partir de bac +2 ou bac +3 avec un bon niveau de culture générale. "Mais toutes les filières peuvent mener à journaliste, insiste Myriam Alizon. Les recrutements ont lieu dans des domaines très variés. Il faut avoir un bon niveau en français mais aussi être curieux et savoir trouver les bonnes sources pour s’informer."

Lorsqu’on lui demande de préciser les qualités nécessaires pour exercer ce métier, la journaliste explique qu’il faut aussi savoir s’adapter aux situations et aux personnes, respecter le cadre de la commande (nombre de signes, date de rendu, format...) et, bien sûr, les personnes interviewées si l’on veut qu’elles répondent à nouveau.

Le salaire est quant à lui très variable en fonction du média et du poste occupé. Myriam Alizon détaille : "En presse quotidienne régionale, il est possible de commencer à 1800€. Dans de gros journaux, comme L’Equipe, le salaire dépasse 2700€ et beaucoup plus pour un directeur de rédaction. A la télévision, c’est encore davantage mais c’est un média qui draine davantage d’argent grâce à la publicité."
Quel que soit le média, les journalistes peuvent aussi être pigistes, c’est à dire rémunérés pour chaque sujet et non mensuellement comme celles et ceux qui appartiennent à une rédaction. Dans ce cas, le salaire dépend directement des sujets qu’ils rendent tous les mois et il peut donc beaucoup varier. Le statut de pigiste peut être être dû aux difficultés d’embauche dans un média donné ou résulter d’un choix personnel (avoir plus de liberté pour choisir ses sujets, collaborer avec différents médias...).

Le journalisme est un métier prenant. Lorsqu’elle travaillait à L’Equipe, Myriam Alizon n’avait pas d’horaire fixe : "Le journal sortait tous les jours et bouclait à minuit trente. Donc on pouvait m’appeler dans la soirée pour me demander un sujet en urgence. C’est le week-end, aussi, qu’ont lieu beaucoup de compétitions, donc il m’arrivait souvent de travailler. En réalité, on ne compte pas ses heures et il faut savoir s’organiser, surtout si on a une famille."

©Audrey Plessis

Pour "A fond !", le travail ne s’arrête pas non plus une fois l’ordinateur refermé. Mais c’est un peu différent, lorsque l’on monte son entreprise, on travaille pour soi et on assume différents postes. Ainsi, la créatrice - rédactrice en chef - journaliste gère tout : de la partie "conception du magazine" jusqu’à l’impression et même, selon les cas, la distribution.

C’est un métier très enrichissant, utile et varié, même si, au bout d’un moment, on couvre un peu toujours les mêmes compétitions, qu’on suit les mêmes champions chaque année. Il fait beaucoup voyager mais, parfois, on n’a pas vraiment le temps de visiter. Les déplacements, l’hébergement... sont pris en charge par le journal pour lequel on travaille.

Il existe différentes possibilités pour évoluer au sein de la profession. Myriam Alizon explique : "On commence par être rédacteur quand on entre dans une rédaction, puis reporter quand on commence à sortir, partir en voyage, puis grand reporter. Ensuite, on peut aussi être rédacteur en chef ou adjoint du rédacteur en chef et rester au bureau. Mais, en tant que journaliste, il est aussi possible de changer de média ou de spécialité : il existe de multiples façons d’exercer ce métier ! En tant que reporter, par exemple, ce n’est pas du tout la même chose d’assister à une compétition de natation que d’aller en zone de conflit." Myriam Alizon écrit mais certains journalistes sont spécialisés dans la prise d’images (photos, vidéos...), les iconographes, secrétaires de rédaction, dessinateurs de presse... sont aussi journalistes. Un journaliste peut aussi se tourner vers le monde de l’édition et écrire des livres.

Les questions de la déontologie des journalistes, des éditorialistes des chaînes d’information en continu, des sources à vérifier sur les réseaux sociaux, des algorithmes qui orientent les contenus présentés... ont aussi été abordées. "Tout est mis sur le même plan et il est difficile aujourd’hui de pouvoir reconnaître les sources fiables pour se repérer", reconnaît la journaliste.


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