4e "Démêler le vrai du faux" avec l’association Entre les lignes

Dans le cadre du Parcours citoyen, de l’Enseignement Moral et Civique (EMC), de l’Education aux Médias et à l’Information (EMI), des programmes d’histoire-géographie et de français, deux classes de quatrième ont participé à un atelier proposé par l’association Entre les lignes intitulé « Démêler le vrai du faux sur Internet ». Grâce aux conseils de Mathilde Gérard, journaliste, il s’agissait pour les élèves d’apprendre à analyser un document (article, post sur les réseaux-sociaux, photo, vidéo…) et à effectuer un certain nombre de vérifications afin de se prononcer sur le degré de fiabilité et véracité des informations véhiculées. Voici comment s’est déroulé l’atelier.

jeudi 22 juin 2023

Habitudes en ligne des ados

Préalablement à la rencontre, les élèves avaient rempli un questionnaire anonyme concernant leurs moyens de s’informer et leurs habitudes en ligne.

Sans surprise, Internet et les réseaux-sociaux sont les médias les plus utilisés. Sur les 49 élèves ayant répondu, 18 ne regardent pas les informations à la télévision. Ceux qui le font disent se tourner d’abord vers BFM (17), TF1 (10) et M6 (7). La radio est peu écoutée et en général, c’est pour la musique (18 élèves). Seuls 4 élèves lisent parfois des journaux ou magazines. En revanche près de la moitié dit s’informer via Internet et les réseaux sociaux. La quasi totalité regarde Youtube régulièrement mais à quelques exceptions près, c’est plutôt pour les loisirs.

Parmi les sujets ayant retenu l’attention des élèves, on trouve essentiellement des actualités internationales et nationales. Beaucoup, aussi, qui concernent le football pour la classe qui suit l’option au collège. Il y a aussi quelques « faits divers » qui demanderaient d’être investigués.

Pour s’informer, ils se tournent d’abord vers leurs proches, citant spontanément leurs amis et leur famille (parents, frères et sœurs…) lorsqu’on leur demande à qui il accordent leur confiance.
Certains sont sensibles au fait que la personne qui diffuse l’information dise qui elle est et mentionne ses sources ; d’autres ont l’habitude de médias ou youtubeurs qu’ils considèrent fiables ; quelques uns, enfin, expriment une certaine défiance en expliquant qu’ils ne font « confiance qu’à [eux]-mêmes pour vérifier l’information  ».

Lorsqu’on leur demande le temps qu’ils consacrent aux écrans chaque jour, les durées annoncées vont de 0 à 24h. Certains élèves distinguent les jours avec et sans école. Ainsi, c’est entre 2 et 8h les jours d’école et 6 à 10h ou plus les jours sans école. Notons que face à un écran (télé, ordinateur, smartphone…), les activités pratiquées peuvent être très variées et différentes en fonction des élèves (contacts avec la famille, les amis, réseaux-sociaux, jeux, devoirs, vidéos…).

Youtube, Snapchat, Tik-Tok, Instagram, puis Twitch, Twitter et Discord dans une moindre mesure sont les réseaux-sociaux les plus utilisés.

Les réponses rejoignent celles obtenues dans des enquêtes nationales telles que le Baromètre de l’Arcep (2021), l’enquête d’Hadopi sur les Pratiques culturelles en ligne des 8-14 ans (2019) ou encore celle de l’association Génération numérique sur les Pratiques numériques des 11-18 ans (2022).

Démêler le vrai du faux

1. Avec un article sur un site internet

Après s’être présentée et avoir brièvement échangé avec les classes sur ces résultats, Mathilde Gérard a proposé aux élèves d’analyser un article en repérant les indices qui pouvaient les aider à se prononcer sur la véracité ou non de l’information véhiculée. Finalement, plusieurs éléments tels que la source de l’article, son auteur, certains termes, une étude de la Nasa bien réelle mais interprétée de façon hâtive... devaient inciter à vérifier les propos qui affirmaient que le changement climatique n’existe pas.

La journaliste a ensuite expliqué et montré aux élèves comment obtenir davantage d’informations sur un site internet, en consultant la rubrique « Qui sommes-nous ? » ou « A propos ». Il est aussi possible de chercher le nom du site ou du journaliste sur internet et les réseaux sociaux pour voir comment il se présente et ce qu’il en est dit. L’information véhiculée dans l’article peut enfin être recherchée ailleurs : Est-ce que les médias en parlent et si oui, en quels termes ? Quelle est la position d’organismes reconnus, comme le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) dans le cas présenté.

2. Avec un post ou une photo sur un réseau social

D’autres exemples ont permis de s’interroger sur des photographies parfois associées à une légende trompeuse. Lorsque l’information choque, émeut, paraît incroyable, il peut être utile de la vérifier : la scène s’est-elle bien déroulée à tel endroit à tel moment… L’image n’a t-elle pas été recadrée, modifiée, voire même créée par une intelligence artificielle…

  • Premier réflexe : observer. Certains détails peuvent mettre la puce à l’oreille... Par exemple les panneaux de signalisation, plaques d’immatriculation, inscriptions… qui ne correspondent pas au pays mentionné dans l’article ou la légende. Ou des différences de qualité (+ flou ou + net). Enfin, ailleurs, l’intelligence artificielle fait encore des erreurs : nombre de doigts, ombres, visages…
  • Second réflexe : utiliser la recherche d’image inversée sur les moteurs de recherche et/ou avec Tineye pour retrouver les pages sur lesquelles la photo a été publiée. C’est ainsi que l’on peut découvrir que l’image originale est plus ancienne ou différente de celle qui est présentée ou que la légende ne correspond pas ..).

3. Finalement, comment reconnaître une fausse information ?

« Si les sources ne sont pas citées ou très peu, si le conditionnel est employé (il paraît, on m’a dit que…), si l’information est présentée comme "exclusive", "censurée"…, si l’orthographe, le vocabulaire, les tournures de phrase… sont problématiques, il convient de rester méfiant et de vérifier avant de partager », résume Mathilde Gérard. Car les fausses informations ou rumeurs peuvent avoir des conséquences bien réelles (communautés accusées à tort, rixes entre jeunes, conseils néfastes pour la santé...).

Les gestes qui sauvent - Débusquer une fake news, Meta Media (France Télévision)

Ainsi, il faut toujours se demander d’ vient-l’information, qui l’a publiée en premier, de quand elle date, qui la relaie ? Le "Pourquoi ?" est intéressant aussi et peut avoir plusieurs explications.

Pour celui qui crée la fausse information et/ou pour celui qui la diffuse, il y a souvent une volonté d’influencer l’opinion (servir ou desservir une cause, vendre un produit ou affaiblir un concurrent, stigmatiser une population ou une communauté, discréditer une personne ou une organisation…). Diffuser une fausse information peut aussi être un moyen de gagner de l’argent (augmentation du nombre d’abonnés et de vues puis revente du compte ou du site par exemple…). Parfois aussi, il s’agit de faire de l’humour. Quelques sites, comme le Gorafi, indiquent clairement qu’ils sont parodiques : il serait dommage de se laisser avoir !

Jeu de rôle

La dernière partie de l’intervention consistait en un jeu de rôle. Les élèves étaient placés dans la peau de d’élèves-journalistes lycéens. Ils devaient enquêter sur une vidéo - réalisée pour les besoins du jeu - circulant sur Snapchat et dans laquelle on voyait une jeune fille se faire enlever. Pourtant, personne ne signale de disparition au lycée… Qui est cette jeune fille ? Pourquoi les témoins semblent-ils si passifs ?…

Aux élèves de poser les bonnes questions pour démêler le fin mot de l’histoire grâce aux indices et à l’aide de la journaliste… Pas d’inquiétude : la réalité est bien moins dramatique et sensationnelle qu’il n’y paraît !

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